Le disque Nuages de Jean Pierre Armanet vient de sortir pour notre Label 1001 Notes. Les œuvres du compositeur seront interprétées en concert le 25 janvier salle Gaveau par des musiciens de renom , Dana Ciocarlie, Guilhem Fabre, Adelaïde Ferrière, Elodie Kimmel, Aurore Ugolin, le duo Brady ainsi que par sa fille, la chanteuse Juliette Armanet :
Quel a été votre parcours musical ?
J’ai eu une formation pianistique classique à laquelle j’ai voulu ajouter un cursus plus moderne en intégrant « l’American School » de Paris, pour peaufiner mes connaissances harmoniques en jazz .
Il y a une quinzaine d’années, après avoir composé des musiques pour le cinéma, une amie, pianiste professionnelle, Martine Vialatte, m’entendant improviser, m’a invité à coucher mon travail
sur le papier.
Travail compliqué pour moi qui consistait à fixer une musique jusqu’alors assez « intuitive » qui bougeait en fonction de l’instrument sur lequel je jouais… A l’issue de cette rencontre,
cette magnifique pianiste a joué certaines de mes premières pièces !
Quelle prestation allez-vous faire Salle Gaveau le 25 janvier 2024?
J’ai rassemblé les pièces de mon répertoire soit pour piano solo, soit pour piano/voix ou piano /percussions.
Les pianistes, Dana Ciocarlie et Guilhem Fabreont déjà créé déjà quelques-unes de mes pièces et m’ont commandé des œuvres qu’ils interprètent régulièrement.
Ils accompagneront égaleemnt les sopranos Elodie
Kimmel et Aurore
Ugolin, et la percussionniste Adelaïde
Ferrière.
Le Duo Brady (duo de violoncelles) jouera un de mes tangos et ma fille, Juliette Armanet, qui a repris une des compositions que j’avais écrite pour elle quand elle était enfant, interprètera également une mélodie que je viens de
composer spécialement pour elle.
Enfin, le concert sera présenté par Alex Vizorek.
Ce travail est le résultat d’une belle idée d’Albin de La Tour que nous avions rencontré au Festival 1001 notes. Nous avons travaillé main dans la main. Nous nous sommes écoutés, je pense que, grâce à cette belle collaboration, ce sera très réussi.
Quel regard portez-vous sur la musique classique ?
Évidemment, c’est mon terreau de départ, même si, dans ma famille, seule ma mère aimait la musique. Nous n’avions que deux ou trois disques à la maison, j’ai donc formé mon oreille par la
suite avec enthousiasme et voracité, écoutant tout sans distinction …Aujourd’hui il semble que ce soit plus difficile de faire entendre la musique classique .
Je regrette en effet l’absence de formation musicale populaire en France, elle se pratique par contre aux USA ou dans les pays anglo-saxons, des pays qui n’hésitent pas à faire jouer des
petits orchestres dès l’enfance. Cependant, certains jeunes interprètes, ( je pense par exemple à Guilhem Fabre, un très grand pianiste qui joue aussi depuis son camion-scène) ont décidé de diffuser la musique autrement, dans les villages, dans les campagnes, là où elle
ne pénètre jamais. Cette démarche fera son chemin !
La musique classique peut être perçue comme une musique élitiste en effet…
Oui, peut-être… enfin c’est de l’élitisme qui repose sur quoi finalement ? Nous venons souvent de milieux où la musique est absente, cela n’empêche pas les musiciens professionnels
d’aujourd’hui d’avoir de l’enthousiasme et une formation solide.
Il faudrait peut-être plutôt former l’auditoire afin qu’il soit prêt à écouter « toutes » les musiques, à faire les ponts, sans discrimination entre le classique, le jazz, la variété et le
rap. Je pense que c’est un peu le but de ce festival, c’est ça qui me plaît …
Quelles sont vos sources d’influences musicales ?
Principalement les pulsions ambiguës de la ville contemporaine, les rythmes précipités et les atmosphères psychologiques délétères qui nous rendent souvent trop éloignés les uns des autres. Il y a toujours chez le citadin une sorte d’attraction un peu morbide pour sa propre ville, comme un spleen tenace…
Également me tiennent à cœur les grandes tragédies collectives de notre temps ( séismes, attentats de masse, migrations dramatiques…).
Elles révèlent pour moi une forme de vérité humaine absolue à travers la fragilité globale de notre petite planète.
Ces tragédies à grande échelle nous invitent finalement à toucher notre humanité et à dépasser des clivages politiques obsolètes.
Il y a là pour moi, de façon paradoxale, comme un véritable désir de vie, une source quotidienne d’inspiration qui me permet de regarder la vie et la mort en face. Cette inquiétude devient
logiquement un authentique instrument de sensibilité.
Propos recueilli par Thomas Lecrohart
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la biographe de Jean-Pierre Armanet