Frappé par la répétition des naufrages de migrants  en Méditerranée, Jean-Pierre Armanet a estimé  important de témoigner par la musique de cette tragédie humaine.

Les dictatures politiques comme économiques, les machettes, les famines, les viols, la misère, tout pousse les peuples déracinés vers le mirage d’une Europe pour eux encore inconnue mais tellement désirable.

Plus particulièrement, le naufrage du 3 octobre 2013 devant les côtes de l’île de Lampedusa apparaît comme le symbole absurde et tragique de ces migrations modernes où les portes se ferment des deux côtés de la mer. En outre, dans ce naufrage, l’épisode du feu volontairement allumé à bord du bateau pour être vu depuis la côte et finalement se propageant dans l’embarcation a pour lui une valeur quasi emblématique.

« Lampedusa, Oratorio des Migrants » raconte l’histoire de cet exode dans son intégralité et questionne nos consciences à travers un cheminement musical émotionnel, tout en  posant  une interrogation morale  à nos sociétés occidentales à travers un travail autant sonore que musical.

De surcroît, il est apparu au compositeur que cette migration tragique contenait en elle-même la structure narrative et le retentissement philosophique d’un mythe moderne transmissible à travers une création musicale contemporaine. Car la tragédie de Lampedusa relève d’un sujet sacré pour nos consciences laïques.

C’est pourquoi, la forme retenue est celle d’un oratorio avec sa mystique et les différentes étapes de la souffrance humaine conduisant au Néant : invocations, prières, récitatifs glissés dans les chants, une sorte de liturgie propre à un peuple nomade cherchant son salut.

Un européen parlerait sans doute de Passion même si les peuples concernés viennent d’une toute autre culture…